Une histoire personnelle par Wali Shah
Mon pays de naissance est le Pakistan; ma famille et moi sommes venus au Canada – d’abord à Toronto – quand j’avais trois ans. J’ai déménagé à Mississauga quand j’avais neuf ans.
Ça n’était pas facile – ma famille avait des difficultés financières et, bien sûr, mes parents ont dû apprendre une autre langue. Ensuite, l’expérience du 11 septembre à un jeune âge m’a beaucoup marqué. Le 11 septembre est rapidement devenu synonyme de musulmans, y compris d’Asiatiques du Sud, et même de non-musulmans portant des noms ethniques ou issus de l’immigration. J’ai été victime d’intimidation et de beaucoup de discrimination jusqu’à ce que je déménage de Toronto à Mississauga à l’âge de neuf ans. Là-bas, j’ai trouvé une plus grande communauté, plus de musulmans, plus de représentation – mais j’étais toujours confronté aux mêmes défis.
J’ai eu du mal à grandir dans un foyer musulman au sein d’un pays non musulman. Et je me sentais souvent seul dans mes luttes et mes questions, ne sachant pas comment expliquer les défis auxquels je faisais face à mes parents qui pouvaient considérer certains sujets comme tabous. La diaspora et mon identité au sein de celle-ci m’ont profondément affecté, et j’ai dû découvrir beaucoup de choses par moi-même.
Pour moi, l’écriture m’a toujours aidé à rassembler mes pensées et à trier les questions et les sentiments que j’avais en moi. Créer des poèmes, écrire des histoires, faire de la musique : ce sont mes exutoires et mes stratégies d’adaptation.
C’était aussi un moyen de faire une différence dans ma communauté et dans le monde en général. L’écriture est un moyen financièrement accessible pour les jeunes de transformer leur douleur en pouvoir grâce à l’art. En pleine COVID, l’anxiété et la dépression sont en hausse chez les jeunes, et les problèmes existants ne font qu’exacerber la vie des gens. L’écriture est un moyen de raconter cette histoire, d’aider à voir les choses sous un angle différent, et de créer dans nos propres vies et dans le monde en général.
Le changement le plus important que j’aimerais voir est que les gens se rapprochent davantage les uns des autres – pas seulement avec de la tolérance, mais aussi de l’empathie pour les autres. Je pense que les principaux problèmes auxquels notre monde est confronté à l’heure actuelle trouvent leur origine dans l’ignorance, dans le fait que les gens ne se comprennent pas, dans l’acceptation d’une société qui divise les humains sur la base de leurs différences au lieu de les rassembler sur la base de leurs similitudes. Nos histoires et nos écrits peuvent nous aider à briser ce fossé.